Ostéopathie en savoir plus

Complémentarité kiné/ostéo

Le kinésithérapeute, au cours de sa formation initiale, n’aborde pas ou peu les sphères crânienne et digestive qui sont liées à l’ostéopathie. Il s’agit pourtant des 2 zones du corps où se concentrent le plus de neurones.
Par ses connaissances et ses techniques spécifiques, l’ostéopathe va dès lors pouvoir assurer une prise en charge globale et complète à son patient.
Si son action mécanique permet l’assouplissement des articulations, elle servira très souvent à stimuler de façon réflexe les systèmes nerveux sympathique et parasympathique afin d’améliorer l’innervation et la vascularisation des régions considérées.

Le kinésithérapeute est un rééducateur : il permet l’apprentissage des « bons » gestes et des « bonnes » postures. Qu’ils soient préventifs ou curatifs, les exercices posturaux et de renforcement/étirement musculaires sont essentiels pour être et rester en « bonne » santé.

La complémentarité de ces 2 professions est indiscutable et bien souvent indispensable. En libérant les articulations sur lesquels s’insèrent les muscles, l’ostéopathe permet un fonctionnement optimal du corps. Le travail fonctionnel/postural/correctif du kinésithérapeute complètera parfaitement et fera perdurer les résultats obtenus puisque « la bonne fonction entretient le bon état de la structure ».

La « théorie des plots » en ostéopathie :

La santé peut se percevoir comme un équilibre dynamique soumis à des stress de différentes natures :

  • mécanique
  • infectieuse
  • émotionnelle
  • alimentaire
  • énergétique…

Chaque individu possède un seuil de tolérance/un point d’équilibre qui lui est propre.
S’il parvient à rester en dessous, rien (ou presque) ne lui arrive. En revanche, son dépassement signe souvent le début des problèmes. 
C’est l’accumulation des « plots » ou l’augmentation de la taille de l’un d’entre eux qui fait basculer le sujet au-delà de ses limites. Les types d’expressions de ce dépassement sont propres à chacun (pas uniquement des douleurs).

Aussi, lorsqu’un thérapeute agit et améliore l’état de son patient, il n’a souvent que diminué la « taille » du plot correspondant. Bien qu’il puisse se sentir « guéri », qu’en est-il réellement de sa santé générale ?
La complexité des interactions au sein du corps humain nous dépasse et doit obliger tout soignant à rester humble vis-à-vis de sa pratique et de ses résultats.

Mécanisme d’apparition de la plainte/douleur et réactions associées en ostéopathie :

Quid des faux-mouvements ?

En dehors des « mauvais mouvements » (ex : port de charge lourde sans verrouillage lombaire), il n’existe pas de « faux-mouvements » !
Physiquement, une zone « souple » se déforme plus facilement qu’une zone « dense ».  

Aussi, lors d’une sollicitation mécanique particulière (=mouvement) d’une zone.
Si les structures qui la composent sont :

  •  souples, le mouvement se fera sans contrainte et il n’y aura pas de gêne/douleur.
  • « en lésion », le mouvement se fera en force : la stimulation des récepteurs à la douleur présents dans le tissu conjonctif local (ligaments, fascias, muscles) est à l’origine de la gêne/douleur au niveau de la zone sollicitée.
  • souples, mais que les structures périphériques sont « en lésion » une douleur dans la zone pourra apparaître à cause des « phénomènes de compensation ». Celle-ci provient de l’usure liée à la surcharge de travail de cette zone maintenue dans le temps.

L’ostéopathie améliore les capacités

Un des buts de l’ostéopathie est d’améliorer les capacités de l’organisme à faire face aux diverses sollicitations de la vie. Ainsi, il devient plus facile de comprendre pourquoi (lorsqu’il n’est pas mauvais) « le mouvement n’est rien, le terrain est tout ».

Certains spasmes/tensions musculaires trouvent leur explication dans le blocage des articulations auxquelles ils sont rattachés. Il ne s’agit en fait que de la « meilleure réponse » apportée par l’organisme pour se défendre face à une perturbation.
En agissant sur la « cause » (le blocage mécanique articulaire), il devient alors possible de libérer/diminuer ces contractures « réflexes » qui sont très énergivores pour l’organisme.
Parfois, une réaction cavitaire (craquement) se manifeste lors de telles manipulations.

Le « crack » : un phénomène cavitaire :

À aucun moment, un ostéopathe ne « remet des os/vertèbres en place ». Lors d’une réelle luxation, c’est aux urgences que le patient doit s’adresser !
Néanmoins, le bruit parfois obtenu suite aux manipulations articulaires. Il peut faire penser que « quelque chose se remet en place »… Il n’en est rien !
Le craquement est le résultat d’un phénomène dont le nom scientifique est cavitation. En provoquant une brusque dépression au sein de l’articulation, la manipulation transforme du « gaz dissout » dans le liquide synovial homogène en bulles de gaz (« gaz occlus »). C’est au moment de l’implosion des bulles de gaz néoformées (qui retournent à l’état liquide) que le son apparaît.
La reproductibilité de ce bruit est possible après une période réfractaire d’environ 20/30 minutes.

Quand venir consulter un ostéopathe ?

Malheureusement, les patients arrivent souvent trop tard ! La douleur ou la plainte exprimée témoigne, la plupart du temps, de la « perte d’équilibre » de leur corps.
Si tous souhaitent une « guérison » rapide, ce n’est paradoxalement pas le cas de l’installation de leur problème…
Hors traumatismes, une vie personnelle et/ou professionnelle trop sédentaire(s) et le manque d’activité physique sont à l’origine des blocages mécaniques.
Le « mal » est souvent invisible et progresse petit à petit.
Un jour, suite à une sollicitation inhabituelle ou dans contexte de stress/fatigue plus important, il se révèle avec l’apparition du symptôme.

Une gêne, une tension ne sont pas des sensations anodines. Face à la récurrence de ces signaux, il semble judicieux de consulter un ostéopathe. Cela évite qu’ils ne s’aggravent et que des phénomènes compensatoires ne se mettent en place.
Parfois, une séance préventive (en s’inspirant des bilans bucco-dentaires qui permettent de surveiller l’état des dents et l’apparition d’éventuelles caries) serait certainement plus bénéfique qu’une séance curative.

Références bibliographiques

  • BOUDEHEN, Gilles. Protocole de soins ostéopathiques du bébé et de l’enfant. De la naissance au projet orthodontique. Vannes, Sully, 2013, 351 pages.
  • BOUDEHEN, Gilles. Ostéopathie crânienne structurelle. La tenségrité appliquée aux bilans, aux techniques gestuelles et aux concepts crâniens. Vannes, Sully, 2011, 215 pages.
  • BRETAGNE-OSTÉOPATHIE. Le modèle de la lésion structurelle ostéopathique. [en ligne].
  • ENDERS, Giulia. Le charme discret de l’intestin. Tout sur un organe mal aimé. Arles, Actes Sud, 2015, 351 pages.
  • SEIGNALET, Jean. L’alimentation ou la troisième médecine. Monaco, Éditions du Rocher, « Équilibre », 2012, 770 pages.
  • TERRAMORSI, Jean-François. Ostéopathie structurelle. Lésion structurée-Concepts structurants. Bastia, Éoliennes, 2013, 415 pages.